Terre mère   Bienvenue sur:
 
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Mon esprit léger comme
la brume du petit matin
s'élève jusqu'au divin cosmique,
Je salue l'univers qui palpite en moi.
Je remercie la lumière qui éclaire
chacune de mes cellules.

Je célèbre la vie
qui vibre sur toute
la Terre-mère,
dans toute la nature,
en chacune de ses créatures
et j'embrasse l'énergie sacrée
qui parcourt toute chose.


Je remercie pour tous les dons reçus,
pour mes frères et sœurs les humains,
les arbres, les fleurs, les animaux :
pour les fruits, les herbes de la médecine
et pour tous les éléments,
air, eau, terre, feu,
qui nous soutiennent
et dont nous sommes formés.

J'envoie tout l'amour
dont je suis porteuse
pour que le lien bienfaisant
entre moi et les autres,
entre moi et l'univers,
entre l'univers et les autres,
puisse se renforcer ;
pour que cet amour puisse alimenter
la source de la quintessence.

Que mes actes et mes intentions
soient une contribution significative
pour un changement vers le bien,
vers le respect et vers la paix.
Que ma fragilité et ma misère
soient le pont pour accepter
et pardonner la misère d'autrui.
Que mon évolution spirituelle
soit une participation manifeste
à l'élévation spirituelle
de toute l’humanité.

Que ce jour nouveau
qui s'offre à moi
puisse voir mes pieds
parcourir un chemin d'amour,
puisse voir mon cœur
s'ouvrir à la bienveillance
et mon âme se remplir
d'immense gratitude.


-Nadine Léon


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Recension de recueils de tankas traditionnels, contemporains ou de poèmes brefs.

hakuna matata de Ikuo ISHIDA

Recueil de tankas bilingue (Franco-Japonais)
publié chez Les Éditions du tanka francophone

 

 Vue mon inguérissable curiosité, j’ai tout de suite été attirée par le titre, une expression africaine plutôt insolite pour un recueil de tankas écrit par un japonais vivant en France. Hakuna matata signifie plus ou moins ‘‘pas de soucis, tout va bien’’. Alors quoi de plus rassurant…

Ma curiosité n’a pas été déçue car dès les premiers poèmes, on se trouve catapulté dans la peau d’un japonais avec la France tout autour, qui nous emmène à travers la ville de Lyon, où il habite depuis des années et en d’autres lieux de ses déplacements.

Le style présente une certaine désinvolture offrant ainsi une lecture accessible et plaisante. Dans un langage simple et familier l’auteur nous fait vivre ses émotions avec empathie le long de ses tankas, parfois drôles :
le voisin évolue
vêtu en cosmonaute
en ce si bel automne

apiculteur de métier
en charge de ses dix mille âmes


(Ikuo Ishida)

d’autres fois attendrissants :
je me mets à genou
pour lacer ses souliers
je repars doucement

poussant le fauteuil roulant
vers le soleil couchant


(Ikuo Ishida)

d’autres encore, plus dramatiques tout en maintenant la légèreté typique du tanka :
c’était devant l’entrée
du restaurant du cœur
tombe tombe la pluie

sur la famille qui attend
sur la petite aussi


(Ikuo Ishida)

L’auteur aborde des thèmes profonds, comme la mort ou le sens de la vie, avec délicatesse et avec la juste ironie, sans jamais être pédant :
en tant qu’être vivant
vivre sa vie sur terre
en se tenant debout

que l’on soit fourmi, soleil
asticot, insecte ou vent


(Ikuo Ishida)

 

Écrire c’est livrer un peu de soi-même à l’autre, c’est encore plus vrai pour le tanka, écriture d’une voix intime qui se confronte avec le monde et avec la nature. Et alors le "je" qu’emploie le kajin (écrivain de tankas) s’ouvre et devient "moi universel"…

Je ne crois pas qu’on exagère lorsqu’on dit que les japonais ont le tanka dans le DNA. Cette forme poétique, vieille plus d’un millénaire, appartient à leur bagage culturel. Nous occidentaux, écrivains et lecteurs, ne tentons de cueillir l’esprit du tanka que récemmenti. À mon avis cet ouvrage bilingue, avec la calligraphie japonaise côtoyant la version française est une belle opportunité pour se confronter à une expression contemporaine du tanka, faite par un auteur qui détient ce genre de poésie dans son patrimoine génétique !

Comme déjà dit précédemment, le tanka est genre littéraire japonais aux origines lointaines, ancêtre du plus connu haïku. Ce petit poème de cinq lignes est en réalité très condensé de sens et très codifié, à tel point que seul un expert peut le savourer pleinement dans toute sa particularité. Provenant du haïku, cela me facilite les choses, sans bien entendu confondre les deux. Pour autant j’ai eu la joie d’individuer deux des nombreuses perles de ce recueil qui m’ont attirée pour tout ce qu’elles ont su évoquer en moi et pour leur qualité au niveau technique.

La Voie Lactée traverse
le cœur du bois de cèdre
pour soudain se jeter
sur une humble maisonnette
où s’allume une fenêtre


(Ikuo Ishida)

Cette composition se base sur un zoom créant une distance remarquable entre la première ligne et la dernière (lointain / proche), lesquelles produisent également un effet miroir grâce à la similitude entre la lumière de la Voie Lactée et celle beaucoup plus humble de la fenêtre. Dans ce tanka on retrouve deux thèmes chers au genre poétique japonais : la confrontation entre l’immuable et l’éphémère (fueki / ryûkô) et celle de l’humain face à l’immensité de l’univers.

À un autre niveau d’interprétation, cette petite lumière s’allumant en coïncidence avec l’apparition nocturne de la Voie Lactée pourrait être le symbole de la conscience, voire pleine conscience, de l’humain en connexion spirituelle avec l’immensité cosmique.
 

...
 

quel envoûtant parfum
et les fleurs du muguet
inclinent leurs clochettes
on appuie sur le bouton
pour appeler l’infirmière


(Ikuo Ishida)

Cette composition a suscité mon attention pour sa construction qui ressemble à un toriawase. (Je rappelle qu'un toriawase dans un haiku est la combinaison de deux expressions distinctes et autonomes, au niveau grammatical comme au niveau du sens, séparées entre elles par l’intermédiaire d’une césure, située traditionnellement entre le tercet d’en-haut et le distique final. Les deux expressions qui en découlent entrent en résonance et l’espace ainsi créé s’ouvre au non-dit et aux multiples interprétations des lecteurs). Dans ce tanka la résonance est favorisée par la présence d’une similitude qui joue aussi de contraste entre les clochettes – silencieuses – du muguet dans le tercet et le bouton de la sonnerie dans le distique.

L’auteur évoque, à travers les sens de l’odorat et de l’ouïe, employant un ton rassurant et presque amusé, une situation en partance problématique, nous laissant deviner sans l’exprimer directement qu’on se trouve à l’hôpital. Il s’attarde volontairement sur les petites choses du concret qui pourraient paraître insignifiantes et ne nous dit rien d’autre ni sur le protagoniste, qui pourrait aussi bien être le patient, le visiteur ou même quelqu’un du personnel médical, ni sur les raisons de l’hospitalisation … tout est dans le vague, laissé à la libre interprétation et ouvert à tous les possibles.

Le muguet est une petite fleur de bonne augure, c’est aussi un symbole de fragilité : la fragilité humaine face à la maladie ; celle qui ressort peut-être de la disproportion entre le muguet et l’univers aseptique et complexe des structures hospitalières, que j’interprète personnellement comme une métaphore de la nature dont l’organisation sociale des humains s’éloigne souvent beaucoup trop.

C’est étonnant, n’est-ce pas, tout ce qui peut se prospecter à travers si peu de mots. Le tanka ne cessera jamais de m’émerveiller.

par Nadine Léon

publié dans la Revue du tanka francophone n°38

 

Ikuo ISHIDA est un auteur de tanka ainsi que romancier et traducteur. D’origine japonaise il vit en France du temps de l’université.

On trouve ce receuil en cliquant ici :  

 

Hakuna matata de Ikuo ISHIDA, Les Éditions du tanka francophone