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L’abus sur mineur est quelque chose d’inadmissible. C’est une blessure si profonde que toute une vie ne suffit pas pour la cicatriser. C’est un stigmate infligé avec lâcheté contre une personne encore dans l’incapacité de se défendre. Un acte criminel qui ne concerne pas seulement la victime mais qui touche ce que l’humanité a de plus vulnérable et de plus précieux, l’enfance porteuse de l’innocence primordiale ainsi que de son devenir.
Qui fait du mal à un enfant fait aussi du mal à moi. --NL.
Les mots sur la quatrième de couverture m’ont tout de suite capturée. On y trouve le présage d’une descente aux mondes des ombres. C’est un monde qui appartient un peu à tous, après tout chacun de nous a un enfant meurtri au fond de soi. Nous avons tous plus ou moins subi des expériences traumatisantes durant l’enfance, expériences qui s’en vont épaissir les ombres de notre subconscient une fois devenus adultes. Ces ombres sont liées à la douleur et sont souvent refoulées dans des zones de l’oubli. Ce qui ne veut pas dire qu’elles disparaissent, elles sont toujours bel et bien là, sauf qu’elles agissent dans l’ombre, comme l’indique leur nom.
Le subconscient devient en quelque sorte mémoire universelle qui va nourrir et se nourrit de l’inconscient collectif, celui qui appartient à toute l’humanité et par conséquent à chacun de nous. Lorsque quelqu’un subit une violence, c’est toute notre humanité qui la subit et qui en reste imprégnée.
Dans le cas de ce livre il s’agit là d’une chose plutôt grave. Je suis particulièrement sensible au problème de l’enfance parce que je m’occupe de mineurs en difficulté en les accueillant au sein de ma famille, certains d’entre eux ayant été eux aussi victimes d’abus. La lecture de ce récit de 86 pages m’a profondément touchée et ce n’est pas un hasard si j’ai eu le désir de l’approfondir.
Ce récit contient un grand nombres d’éléments que j’aimerais relire en tant que parcours qui va de l’ombre à la lumière, riche en symboles qui fonctionnent comme des balises pour ce cheminement dans l’intériorité d’une meurtrissure, celle de l’inceste d’un père contre le fils.
Le long de cet approfondissement on verra combien l’élément Eau occupe tout le récit, le faisant devenir un parcours initiatique de purification et, comme tout parcours initiatique, on pourra repérer les divers passages et les épreuves qui le parsèment.
J’ai également individué de nombreux archétypes qui insèrent le récit dans une dimension plus vaste, portant l’histoire d’un vécu personnel vers un plan collectif à l’humanité.
Ce voyage dans le monde des ombres parcourt le chemin qui va de l’innocence profanée à une possibilité de reconstruction de soi et de renaissance à travers l’amour.
Ce récit n’appartient pas seulement à qui l’a écrit, il appartient à tous. Il aborde un thème, celui de l’inceste, qui se perpètre depuis la nuit des temps, un crime marqué par l’interdit mais souvent toléré et étouffé sous le lourd couvercle du silence. Ce récit ouvre le couvercle…
Je n’ai pas l’intention de faire une étude historique ou sociale de l’inceste mais de comprendre, à travers l’écriture de l’auteur, comment on sort de ce trauma. Ce qui m’intéresse en fait c’est le pouvoir des mots, leur pouvoir de transformation.
Pour finir, en une deuxième partie, je ferai cette étude en m’appuyant sur les archétypes contenus dans les runes de l’antique culture scandinave.
Les runes sont les lettres d’un alphabet considéré sacré, représentant les étapes de la nature, des saisons et de notre existence. Elles sont considérées porteuse d’une connaissance plus profonde, en relation avec les archétypes qui gouvernent et expriment notre paysage intérieur et le parcours de notre évolution.
Certes, les cultures qui ont imprégné le plus la culture française sont celles gréco-romaine et judéo-chrétienne, de même que la culture celtique pour laquelle j’ai un sentiment d’appartenance, mais la culture scandinave a des aspects qui me fascinent beaucoup. J’aime entre autres prendre en modèle ces femmes du nord. La rudesse des lieux où elles devaient survivre à fait d’elles des femmes guerrières, compagnes de leur contrepartie masculine plus que soumises.
Et puis ce n’est pas vraiment l’influence culturelle qui m’intéresse, mais plus celle spirituelle. C’est pourquoi mon analyse se fera également à la lumière d’une sagesse de tradition hindou. Après cette explication sur ma démarche, je prendrai en considération un à un tous les mots-clé du texte et je tenterai de comprendre de quel symbole ils sont porteurs et quelle en est la résonance.
Le narrateur met-il en acte un processus de guérison et de résilience et si oui, comment ? C’est ce que je chercherai de découvrir en cheminant entre les mots.
Les auteurs respectifs du récit et de la recherche appliquée au récit ont en commun leurs expériences sur le terrain en matière de tragédies familiales. En effet Patrick Simon a exercé une activité de gestion de crise familiale, notamment au Centre Jeunesse de Montréal (abus physique ou sexuel, gang de rue, problématiques de violences intra-familial, etc...) tandis qu'au sein de sa famille et dans un contexte de bénévolat, Nadine Léon accueille des enfants en graves difficultés (violence, abus sexuels, séropositivité, handicap, inadaptation due à la diversité ethnique, etc...). Sa maison s'appelle Tenda 8 Speranza et se trouve en Italie. L'abus sur mineur est un thème tabou qui vient pour la plupart du temps mis sous silence, alors qu'il est important d'en parler sans pour autant stigmatiser les victimes mais en créant autour d'eux un climat de confiance, d'écoute profonde et d'entraide afin de déclencher en eux un processus de résilience.
Le récit de Patrick Simon fournit des mots-leviers contre le poids du silence et Nadine Léon a voulu en relever la force de résonance...
Ce travail viendra-t-il en aide ? En tout cas telle est l'intention des deux auteurs.
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