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Le Haïbun est un genre littéraire qui provient du Japon et qui a été créé par Basho. C'est un mélange de prose et de haïkus. À l'origine il avait la forme d'un journal de voyage intercalé de compositions brèves appelées justement haïku. Les miens ne sont pas trop conventionnels, mais j'aime la rupture et la profondeur que peut créer un ou plusieurs haïkus insérés dans mes poésies en vers libres ou dans mes textes ...
mon cœur
contre le vieux chêne
la parole au vent
*~*
– (voix du vent) :
Tu es une humaine
de ceux qui voudraient dominer la Terre, des conquérants qui ont plié les peuples premiers, qui ont coupé les forêts, qui ont dompté les eaux et fait prisonniers les animaux, de ceux qui voudraient à tout prix imposer leur suprématie sur chaque être, qu’il soit animé ou inanimé, de ceux qui ont perdu l’infini de l’horizon, retranchés derrière le carcan de la raison, de ceux qui font peser sur la Terre tout le poids de leur avidité.
Tu es une humaine
de ceux qui se sont séparés de la nature et qui se sont dissociés du ciel.
Et pourtant l’esprit de l’arbre résonne en toi. Suis la voie des racines qui relient d’arbre en arbre la Terre à l’univers. Ressens l’énergie des arbres, capte chacun de leurs mouvements et de leurs changements, tous d’une extrême lenteur, hors de notre temps. Tu respires le même souffle de vie, tu absorbes la même lumière et tu fais les mêmes danses lorsque le vent t’effleure ou lorsque brutalement il te bouscule durant les nuits de tempête...
– (paroles chuchotées) :
Je suis une terrienne
Je puise ma force dans la fragilité d’une fleur de prunellier sous un rayon de lune.
Je meurs à chaque hiver pour renaître à chaque printemps, mes voyages se font sur place parcourant l’espace d’entre-deux instants. Je touche le ciel, j’observe le passage des nuages, je remonte les eaux de la sève. Au gré des saisons, je laisse aller mes fleurs, mes fruits, mes feuilles et mes peines.
Et surtout … j’écoute les oiseaux.
*~*
nid de brindilles
de plus en plus ma main
ressemble à l’écorce
………………………………………………….................................................Haïbun - NadineLéon, Italie.
Dimanche matin de brume. Les coups de fusil des chasseurs déchirent le silence de la plaine. Tout autour de chez nous, des champs et cet immense rien peuplé d’oiseaux en tout genre. La chasse y est permise.
Les aboiements des chiens, les yeux hors des orbites, qu’ils ne libèrent de leurs cages que pour participer à ce drame saisonnier et sanglant.
Un chasseur tire
sur un vol d’oiseaux
le ciel se déforme
Je suis la motte de terre qu’ils écrasent sous leurs bottes, je suis ce lapin sauvage qui sursaute entre les joncs, ce faisan ensanglanté qui lance son dernier cri. Je lis la frayeur dans tous ces petits oiseaux réfugiés dans notre parc et qui en temps normal, enchantent les arbres de leurs gazouillis.
Leurs fusils sont à répétition, pour une lutte impaire et anachronique contre des créatures sans défense, contre la nature et son innocence.
des coups de fusil
profanent le ciel d’automne
la mort dans l’âme
......................................................................................................haibun, NadineLéon.
tant de lunes sont passées
tant de siècles ont coulé
dans les veines de son bois
l’arbre sculpteur de lui-même
depuis toujours sous l'écorce
la sensibilité de l'aubier
le sublime du fruit
les branches nues
nimbées de lumière
s'ancreront au ciel
racines de l'inconscient
qui relient l'horizon
au profond de la terre
...
l’orme solitaire
au croisement des chemins
des voix dans le vent